Coton – Après les ravages des cotonniers par une mouche : L’Etat rembourse 4, 6 milliards des dettes des paysans
Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant) – La visite du ministre de l’Agriculteur, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, dans la zone cotonnière de Vélingara, dimanche 10 octobre 2022, juste après sa prise de service, a porté ses fruits pour les producteurs de coton de l’ensemble du Sénégal. Venu s’enquérir de la situation des champs de coton attaqués par des insectes ravageurs, M. Ndiaye devait porter le plaidoyer auprès de l’Etat pour qu’il prenne en charge les prêts consentis par les cotonculteurs auprès des banques. Finalement, selon Papa Fata Ndiaye, Directeur général de la Sodefitex, «face au désastre du jasside sur les cotonniers, l’Etat a décidé de prendre en charge le crédit-intrant. Ce qui a permis de soulager considérablement les producteurs en leur garantissant des revenus leur permettant d’assurer leurs besoins en termes de santé, de construction de logement, d’ éducation des enfants, etc. ; cela a été très salutaire car ça a permis de sauver la filière. Ce qu’on attend en termes de reconnaissance des producteurs du Sénégal, c’est que les gens se recensent pour la campagne prochaine afin de relancer vigoureusement la production dans l’intérêt du Sénégal et dans l’intérêt particulier du Fouladou». C’est la somme de 4 milliards 600 millions de francs Cfa que l’Etat a dû payer aux banques à cet effet. A rappeler que cette campagne est caractérisée par une infestation de jassides qui ont envahi les champs de coton. Le jasside est un ravageur suceur-piqueur, de la forme d’une petite sauterelle de couleur verte, vivant sur la face intérieure des feuilles du cotonnier. Les feuilles attaquées se déforment, s’enroulent vers le bas, se crispent et les organes reproducteurs tombent, avait expliqué le Dg Fata Ndiaye. Le Sénégal n’est pas le seul pays producteur de coton touché en Afrique de l’Ouest par ce parasitisme féroce. Selon le Dg de la Sodefitex, «ce phénomène a été constaté dans tout le bassin cotonnier d’Afrique de l’Ouest. Les pays les plus impactés sont la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Togo, le Bénin et le Cameroun. Seul le Tchad est pour l’instant épargné».
105 millions pour le village de Wadiyatoulaye
Malgré la difficile campagne de la saison dernière, le village champion de la production cotonnière du Sénégal a pu empocher la bagatelle de 105 millions de francs Cfa. C’est le Dg de la Sodefitex, Papa Fata Ndiaye, qui a donné l’information en marge de la cérémonie d’inauguration du logement de l’infirmier-chef de poste dudit village, situé dans la commune de Linkéring. Une somme que se sont partagée les producteurs de ce patelin où habitent 186 ménages. C’est dans ce village que réside aussi le plus gros producteur de coton du Sénégal, Mamadou Saliou Baldé. Cette somme est obtenue après la déduction des crédits en intrants pris en charge par l’Etat du Sénégal. La Sodefitex ayant pris en charge les frais liés à la préparation des sols. Ce qui a permis à ce village du département de Vélingara de réaliser plus de bénéfices que lors des 2 précédentes campagnes au cours desquelles Wadiyatoulaye avait récolté en coton la valeur de 97 millions (2021) et 98 millions (2022). Là, selon le Dg, «le coton nourrit son homme».
Le représentant du maire de Linkéring à cette cérémonie, Moussa Camara, a exhorté les cotonculteurs à allier la culture de l’or blanc à celle des cultures vivrières, pour que les bénéfices tirés du coton puissent servir à améliorer les conditions d’existence plutôt qu’à acheter de la nourriture. Le chef de village, Abdoulaye Boiro, rassure que le village fait aussi dans la culture des céréales telles que le mil et le maïs. Toutefois, faute de tracteurs, les surfaces n’atteignent pas les dimensions souhaitées. Aussi a-t-il demandé que le Préfet de Vélingara, Saïd Dia, soit leur avocat auprès des autorités compétentes pour une dotation en équipement rural moderne. Une doléance que Saïd Dia dit porter avec fierté, car «il s’agit de Wadiyatoulaye, un peuple travailleur qui a décidé de vivre à la sueur de son front. C’est ma 3ème visite en ce lieu depuis 2 ans. Et en 2 ans, vous avez reçu 2 ministres de la République. Ce n’est pas rien», a-t-il noté.
akamara@lequotidien.sn
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